Séquence de cours à distance pour apprendre à faire des courses alimentaires en français
- Isabelle Gertrudes Bertinet Claudel
- 14 juin 2022
- 4 min de lecture

Avant de commencer à proposer des cours de français langue étrangère (FLE) en ligne, j'avoue que j'étais un peu méfiante sur le sujet. Pas au niveau de l'efficacité, mais beaucoup au niveau humain. Vais-je réussir à créer du lien avec mes apprenants sans jamais les voir concrètement ? Me prendront ils au sérieux, comme dans une salle de classe en Alliance Française, en suivant mes cours (en pyjama ?) depuis leurs maisons ? Ce sont des exemples de questions que je me posais.
C'est évident, le présentiel a de nombreux avantages (je pourrais vous faire la liste, mais ce n'est pas le but de cet article). Sauf qu'aujourd'hui, avec un peu plus de recul, je peux vous assurer que le virtuel en a aussi ! Alors non, je ne rentrerai pas dans ce débat, car déjà ce n'est pas un combat, puis les deux modalités ne se remplacent pas, elles coexistent et je les maîtrise toutes les deux. Mais puisque mon activité est 100% virtuelle actuellement, je tiens quand même à mettre en avant quelques atouts. Je n'en ferai pas une liste non plus. Je souhaite plutôt me concentrer sur une expérience vécue avec un élève cette semaine, qui prouve bien que les cours en ligne peuvent être tout à fait extraordinaires aussi.
Puis-je ouvrir la porte de ton frigo ?
C'est un niveau A1 (débutant) et est venu le moment d'apprendre à faire des courses alimentaires. Bon, si vous êtes professeur, vous connaissez bien le chemin : on prépare le terrain avant d'arriver au jeu de rôle. Ah ouais, mais simuler des courses virtuellement, c'est nul non ?
J'ai vraiment de très bons souvenirs de quand je travaillais en Alliance et que je transformais ma salle de classe en épicerie. Mes élèves étaient contents, entraient vite dans le jeu et en plus, à la fin du cours, on profitait pour goûter ensemble. C'était convivial et on ne repartait jamais à la maison l'estomac vide !
Je sais, difficile de faire mieux quand on est devant un ordi... C'est tout de suite moins drôle. Mais avec un peu de créativité, on peut très bien réussir aussi. Je propose donc à mon élève (c'est un cours individuel) de faire des courses en ligne. Après les confinements Covid, on a tous un peu l'habitude, donc pas d'efforts technologiques à faire !
Mais avant de passer à l'action, composons une liste. Liste très réelle pour le coup, puisque mon élève est chez lui et peut très bien me faire visiter ses placards de cuisine et son frigo. Mais un frigo, c'est vachement intime, vous allez me dire ! Pas vraiment. Tout ira bien si vous prévenez votre élève en avance. Il pourra bien le ranger avant s'il le souhaite.
La séquence
N'oublions pas, c'est un A1.
Je commence donc par lui demander ce qu'il a dans son frigo. Mon premier but est de lui imposer la structure: il y a + les partitifs + le lexique des aliments. Ex. : Dans mon frigo, il y a du beurre, il y a des yaourts, etc. Quant au lexique, rien de mieux que de se limiter, dans un premier temps, aux aliments consommés par nos élèves. Stop aux listes interminables de termes qu'ils ne retiendront jamais d'un seul coup. Pas la peine, à ce niveau, de parler d'endives s'ils n'en mangent jamais.
Ensuite, passons à la forme négative des partitifs. Je lui demande ce qu'il n'y a plus dans son frigo et qu'il doit racheter. Ex. : Dans mon frigo, il n'y a plus de lait, il n'y a plus de fromage, etc.
Nous avons donc une liste ! Il prend son crayon et son papier et note le nom de tous les produits qui manquent. Je suis là pour l'aider dans l'orthographe (épeler sert toujours à réviser l'alphabet). Puis, surtout, ce n'est pas une perte de temps, c'est une vraie liste (et en français !), qu'il utilisera lors de sa prochaine visite au supermarché.
C'est le moment des courses. De retour au bureau, je demande à mon élève de partager son écran avec moi (j'utilise la plateforme Zoom) et d'aller sur le site de la chaîne de supermarchés Leclerc Drive (ou autre, peu importe, j'ai choisi Leclerc car c'est celui que je connais le mieux). Nous voici dans la caverne d'Ali Baba, les façons de l'explorer sont infinies. Je voulais le familiariser également aux noms des rayons. Pour chaque produit de notre liste, on essayait de trouver le rayon correspondant. Franchement, ça allait tout seul. Il y a des images partout, ce qui facilite beaucoup la tâche quand il s'agit de débutants.
À vous d'enrichir l'activité selon l'aisance de vos élèves. J'ai un très bon élève, ce qui m'a poussée à élargir la conversation. Combien ça coûte ? C'est le prix au kilo ? Tu trouves ça cher ? On prend plutôt le moins cher, non ? Veux-tu profiter de cette promo ? En lot de quatre, c'est plus intéressant. Tu en veux combien ? Tu cliques dessus pour mettre dans le panier.
Quand on avait du mal à trouver ce qu'on voulait en rayon, on allait directement sur la loupe. Mon élève était alors obligé de réécrire le nom du produit. Parfait pour mémoriser l'orthographe.
Rien d'innovant !
Écoutez, rien d'innovant. Je suis sûre que beaucoup d'entre vous font déjà comme ça, voire mieux. Je tenais juste à immortaliser la technique car quand j'ai un creux d'imagination, je suis quand même bien contente de retrouver des idées sur Internet.
Puis, soyons honnêtes, en matière de préparation, pour un cours comme ça, il n'y en a presque pas. Le secret c'est de définir les objectifs communicationnels à atteindre et d'organiser le parcours. Mais les supports sont prêts, dans ce cas, le frigo et le site !
Si vous en avez envie, racontez-moi comment vous abordez cette leçon à distance avec vos élèves. Au plaisir de vous lire !
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